Kiana is So chic
26 septembre, 2012Kiana n’était pas la plus belle, elle n’était pas moche non, elle savait mettre ses atouts en avant et jouer de ses charmes. Kiana était une jeune fille vivante, fougueuse et passionnée. Elle faisait souvent preuve d’une grande vivacité et d’une grande nervosité. Kiana était entière en amitié comme en amour, elle était à fleur de peau. Le monde passait sur elle comme du papier de verre, de peur de trop s’égratigner Kiana avait monté une forteresse autours d’elle. Elle se pensait blindée, comme si rien ne pouvait l’atteindre. Sa voix suave, sa démarche chaloupée, son regard de panthère, Kiana était une femme forte, séductrice qui n’avait pas froid aux yeux. Elle savait ce qu’elle voulait et remuait ciel et terre pour l’obtenir. Elle savait aussi ce qu’elle valait et exigeait que les gens le reconnaissent. Les obstacles ne la découragaient pas, bien au contraire, elle se trouvait une force herculéenne pour les surmonter. Elle se lançait dans la vie tel un chevalier armé près à tous les combats.
Kiana n’était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, les hommes qui l’entouraient l’admiraient autant qu’ils la craignaient. Kiana n’avait pas sa langue dans sa poche, elle refusait les misogynes et se battait pour la condition de la femme. Kiana se voulait être l’égale de l’homme, la plus forte même parfois. Elle ne se rendait pas compte que son côté castrateur pouvait être dévastateur dans ses relations avec les hommes. Les hommes, elle les aimait autant qu’elle les détestait. Elle se méfiait d’eux. Le combat contre l’homme, elle le menait depuis bien trop longtemps. Elle avait vu ses parents se déchirer, sa mère céder sous la pression d’un homme oppressant. Elle refusait d’être cette femme-là, elle méprisait cet homme qui l’avait engendré. Kiana connaissait les hommes, leurs faiblesses, leurs fourberies. Mais ils étaient sa faiblesse.
Kiana était une femme moderne, bien dans sa vie, bien dans son époque. Mais elle était aussi une femme fragile. Kiana passait trop de temps à se battre avec elle-même, si bien qu’elle en oubliait qui elle était. Il fallait qu’elle soit forte pour sa mère, qu’elle protège sa famille. Kiana avait dû apprendre bien trop tôt à ne plus être une enfant. On lui avait volé son insouciance. Cette blessure-là, cette déchirure restait béante au fond d’elle mais elle se démenait pour que personne ne puisse la voir. Kiana pensait pouvoir cacher aux yeux du monde son grand canyon. Les cris sourds et violents de ses souffrances ne sortaient plus. Les larmes n’avaient que trop couler. Kiana portait en elle cette cassure, elle le portait dans sa voix. Cette voix rauque et chaleureuse de ceux qui n’ont que trop vécu.
Kiana aimait sortir de son quotidien, partir de chez elle. Il lui prenait de rêver que l’on vienne la sortir de ce château de sable qui lui servait de foyer, et qui était prêt à l’ensevelir au moindre coup de vent. La rage de vivre lui brûlait la poitrine. Chacun de ses rires, chacun de ses coups de gueule n’étaient que blindage pour cacher l’oisillon qu’elle conservait au fond d’elle. Un petit oiseau chétif, craintif de parcourir le monde. Le monde était menaçant, les chutes sont parfois douloureuses, bien que ce soit l’atterrissage qui fasse le plus mal. Kiana avait besoin d’être rassurée, d’être aimée, d’être enfin comprise.
Malheureusement, elle s’entourait souvent de gens superficiels qui profitaient d’elle et de sa gentillesse. Car sous ses airs d’ogresses, Kiana était un agneau, un loup aux dents de lait. Certaines personnes avaient su le voir. Kiana n’était pas si bête que ça, elle savait à quoi s’attendre mais préférer parfois fermer les yeux. Elle savait lire dans le cœur des gens, reconnaitre le bon en eux, et elle savait faire ressortir ce côté-là de leur personnalité. Elle ne se laissait pas faire, taper du poing sur la table. Elle était du genre têtu, obstiné. Mais elle voulait être aimée et savait comment arriver à ses fins. Même si les intentions des autres n’étaient pas toujours bonnes, Kiana se servait d’eux comme eux se servaient d’elle. Elle s’abreuvait de leur gratitude, se sentait importante, se sentait vivre, se sentait existait. Elle n’avait plus confiance aux hommes et tenter sans cesse de se rassurer auprès de gens de passage. Certain resteront auprès d’elle, ceux qui auront voulu allait voir un peu plus loin que les apparences.
Kiana était une femme ordinaire. Elle connaissait la douleur des coups de la vie, mais elle gardait la tête droite, la tête haute. Sa fierté était son salut. Mais il suffisait de la regardait, de gratter un peu pour y voir plus clair. Kiana avait la force du feu et la douceur des flammes. L’approcher de trop près provoquait des étincelles qui pouvaient finir en incendie dévastateur ou en doux feu de cheminée. Kiana était une femme moderne, mais au fond d’elle elle n’était encore qu’une enfant. Une enfant à qui l’on faisait porter des responsabilités bien trop lourde. Ses épaules robustes n’étaient pas si fortes que ça. Le poids du passé lui faisait parofis courbé le dos. Mais elle continuait d’avancer.
Aujourd’hui, Kiana a grandi. Elle a su s’adoucir, modéré sa flamme. Il y a longtemps que cet homme était mort pour elle, des années. Mais aujourd’hui, Kiana avait le droit d’en faire le deuil. En jetant une poignée de terre sur le cercueil de son père, Kiana avait trouvé le repos de l’âme. Elle arrivait à lui pardonner. Sa colère se dissipait au fur et mesure que l’on glissait son père au fond du trou. Kiana avait passé tant de temps à détester cet homme qu’elle ne avait longtemps ignoré comment aimer. Son corps lui avait fait mal, son âme déchirée l’avait torturé. Kiana avait enfin trouvé le repos.
Kiana s’était réconciliée avec elle-même grâce à un homme qui avait su l’aimer. Bien sur, Kiana avait d’abord résisté. Il était doux et fort à la fois. Il avait suffisamment de caractère pour faire face à Kiana, à ses crises, à ses angoisses. Dylan avait su apaiser sa douce. C’est ainsi qu’il l’appelait. Dylan avait su apprivoiser Kiana. Un lien particulier les unissait. Il s’aimait simplement, ils restaient deux adolescents. Dylan avait su trouver les maux de Kiana, il s’était infiltré dans les failles de sa belle pour les colmater. Ainsi, Kiana et Dylan avait soudé leur couple. Ils se comprenaient, se respectaient et avançaient ensemble sur un chemin épineux et glissant. Mais il est toujours plus confortable de faire cette route à deux que seul. Le passé est souvent un lourd fardeau à porter. Il faut savoir déposer ses problèmes sur le bord de la route, accepter les failles de l’autre pour pouvoir avancer, accepter qu’il ne soit pas parfait. Kiana avait gagné le plus long combat de vie, et en ce jour funèbre une larme coulait sur sa joue.